Chers Amis,
J’ai enfin commencé quelque chose qui me tenait depuis toujours à cœur, c’est le projet de construire une école pour des enfants d’un village au fin fonds de la Côte d’ivoire d’où je viens car ces élèves de 6 à 14 ans sont obligés de faire chaque jour à pied 2 heures pour arriver à l’école et 2 heures pour retourner chez eux (2×12 km !).
Je vous invite à jeter un coup d’œil sur ce blog car je vous fournirai régulièrement des informations sur le projet, le pays, sa culture, son art, et une petite rétrospective sur mon enfance à l’époque où je vivais au village pas loin de là!
Toute aide est bienvenue que ce soit financier, matériel ou morale!
Je vous exhorte à vous unir à moi afin d’offrir à ces enfants un meilleur avenir. On pourra suivre ensemble le projet et le déroulement, y aller et voir l’évolution de la construction et pourquoi pas pour l’inauguration de l’école qui voit enfin le jour grâce à vous.
A bientôt
Aimée
Le Projet
Créer une école, une cantine et un espace de jeux pour ces enfants, afin de les retenir et de leur fournir une éducation, c’est tendre la main à une génération sacrifiée et oubliée! Dans chaque enfant se cache l’un de nous, alors leur offrir une école, c’est comme aider une source à jaillir ou une graine à sortir du sol.
L’idée du projet m’est venue en parlant avec l’une de mes collègues qui a un grand coeur, elle aide quand elle le peut surtout les enfants en difficulté. Elle part cette année en Asie aider bénévolement des enfants d’un village qui ont les mêmes soucis éducatifs que ceux de Zangouin et Zouangouin en Afrique.
Elle a tout de suite compris ce que je voulais et me soutient dans ce projet. La phrase qu’elle m’a dite que je ne pourrais jamais oublier est : “rien n’est impossible alors je te demanderai d’y croire”. Et depuis elle ne lâche pas prise.
J’en ai aussi parlé à mon chef. Il m’a dit que ce serait bien d’avoir quelques images de ces villages et de ces habitants afin que chaque personne qui veut aider se fasse une idée personnelle de la situation.
C’est ainsi que j’ai contacté une personne de confiance qui me soutient pour la réalisation de ce projet et qui me fournit les informations que j’ai pu présenter ici (voir photos). Cette personne est
M. Marcel Vallé, ancien instituteur et directeur d’école pendant des années. Il a fait construire entre les deux villages la paillote qui sert de classe provisoirement cette année, qu’on peut voir sur les photos, afin de permettre aux enfants qui refusent de faire chaque jour 12km à pied (surtout les petits) de recevoir tout de même un minimum d’éducation. M. Vallé offre quelques fournitures scolaires à ces enfants et indemnise de sa poche un étudiant quasi-bénévole (payé environ 11,50 euros et un sac de riz par mois) pour enseigner à ces élèves. Maintenant à la retraite, il essaie d’apporter une éducation à ces enfants et je voudrais l’aider parce que cela me rappelle trop bien ma propre enfance à Korhgouin ! Dans mon cas, ce n’était pas la distance qui me préoccupait mais de passer la journée en classe le ventre creux!
L’école de mon village avait à l’époque, ni porte ni fenêtre, mais de grandes ouvertures qui laissaient passer les voleurs, le vent et la pluie. Les instituteurs ne pouvant pas laisser nos copies, documents ou cahiers dans les salles de classes, ils les rapportaient chez eux afin de les corriger. Beaucoup d’instituteurs n’habitaient pas le village mais dans la ville environnante et faisaient des kilomètres pour venir enseigner, le sac chargé de copies.
Je me rappelle encore lorsque je faisais le CE2, mon maître Mr. Bamba me demandait parfois de porter à sa place nos cahiers de devoirs jusque chez lui pour qu’il puisse les corriger. Il habitait à au moins 1 heure de marche du village. Vu d’un oeil innocent, c‘était un privilège d’être choisie par son maître pour faire cette mission de confiance. Comme cela m’arrivait souvent, j’étais enviée par les autres élèves qui auraient tout donné pour être à ma place ! Cependant, ce privilège n’a jamais rien changé à mes notes de classe !
S’il arrivait que je croise un jour mon maître de CE2 Mr. Bamba, pensez-vous qu’il se rappelle de son pony express Baby Moko Aimée ?!
Mais bon, ce n’est qu’une petite rétrospective de ma vie de villageoise, je ne peux pas en dire davantage parce qu’il ne s’agit pas de moi ici mais de personnes beaucoup plus importantes : les enfants de Zangouin et Zouangouin.
Vues et aspects des deux villages
(malheureusement les photos sont de mauvaise qualité mais pour l’instant les seules que j’ai…)
Ce qui m’a incité à vouloir réaliser ce projet :
Il n’y a pas qu’une seule raison qui m’a poussée à vouloir faire de ce projet une réalité, la situation de ces élèves de Zouangouin et Zangouin me rappelle exactement ce qui a été ma propre expérience, à une différence près : la distance !
Combien d’enfants ce projet concerne-t-il ?
Tout d’abord nous n’avons pas recensé les enfants de 4 à 5 ans qui sont très nombreux, ni ceux de 15 ans qui, en fin de cette année scolaire 2010, seront orientés en sixième (collège) ou déscolarisés.
Ceux que nous avons pu recenser sont les enfants de 6 à 14 ans. Ce sont ceux-là même qui font chaque jour 12 kilomètres (environ 2 heures) de marche pour rallier l’école du village voisin (je suppose que c’est inutile de signaler qu’il n’y a pas de moyen de transport pour ces élèves) et qui de surcroit restent à midi sans manger, l’école en question n’ayant pas de cantine. Ces élèves sont à peu près au nombre total de 400.
Plusieurs de ces enfants, surtout les plus jeunes, abandonnent l’école ou doublent leur classe à cause de la distance et de la faim ; sans compter qu’en période de saison des pluies, ils se mouillent en cours de route, ce qui les rend malades et la pluie détruit leurs fournitures scolaires (livres, cahier)… Pour résoudre temporairement le problème, on leur a fait construire une paillotte avec deux classes (CP1 et CP2) pour les plus petits qui supportent mal la distance et la faim.
Ce sont ces responsables de ces deux villages qui attendent avec espoir la réalisation de ce projet pour l’avenir de leurs enfants ! Ci-dessous un tableau de recensement d’enfants et l’accord des parents et responsables des villages pour la construction de l’école. COPIE TABLEAU DE RECENSEMENT (3PAGES)
Voici grosso-modo, les problèmes que vivent ces enfants quotidiennement. Moi-même étant maintenant parents, cette situation me touche profondément car je vois dans chaque enfant le mien ! Les parents de ces villages, qui voient leurs enfants chaque jour vivre dans ces conditions n’ont pas autres choix que de se résigner, le cœur serré en se disant que cette souffrance les forger plus tard et leur donnera un meilleur lendemain. Bizarrement, cette souffrance quotidienne ne les freine pas pour autant dans la procréation car pour la plupart des Africains, les enfants sont la richesse d’une famille. Et si jamais par malheur un couple n’arrivait pas à faire d’enfant, devinez un peu sur qui la faute est rejetée : sur la femme bien-entendu, jolie analyse, non ?
Réalisation de cette école:
Il nous faut:
–6 classes primaires :
- CP1 (cours préparatoire première année)
- Cp2(cours préparatoire deuxième année)
- CE1 (cours élémentaire première année)
- CE2 (cours élémentaire deuxième année)
- CM1(Cours moyen première année)
- CM2 (cours moyen deuxième année)
bureau
cantine
terrain de jeu (Foot, Handball,…)
Ce sont ces (six) 6 classes qu’il faut selon la loi en Côte d’ivoire pour le premier cycle scolaire.
Où construire l’école?
Les deux villages ont proposé un terrain commun pour la construction de l’école où les élèves n’auront pas à faire trop de distance pour rallier l’école.
Sur la photo on peut voir la paillotte servant de classe cette année (2010) pour les enfants qui ne peuvent rallier l’école du village voisin distante de 12 km.
Certains de ces élèves étaient à l’école du village voisin l’année dernière mais avaient abandonnés à causes des raisons épelées plus haut. Sur cette photo, à l’extrême gauche : Mr Vallé et en allant par la droite le jeune instituteur payé par l’Etat.
Le matériel et les frais de construction des bâtiments et terrain de jeu (COPIE DE L’ÉTAT ESTIMATIF)
COÛT DU PROJET : € 30.420,-
Allons-nous y arriver ?
Aimée
MA VIE AU VILLAGE
J’ai grandi à Korhgouin, un petit village de Man non loin de Biankouma. J’y ai fait mon premier cycle scolaire dans une situation comparable à celle des enfants de Zouangouin et Zangouin à la seule différence que nous avions de la chance d’avoir l’école au bout du village et pas à des kilomètres.
Pour le reste, c’était les mêmes problèmes : la faim parce qu’il n’avait pas de cantine ni d’autre moyen pour manger le midi. On se nourrissait donc de fruits de saison dans la brousse près de l’école ou du village (mangue, papaye, mandarine, avocat, etc.…), ceux qui avaient le courage rentraient à la maison pour piler le riz brut conservé au grenier familial et en faire de la bouillie ou bien préparer de l’igname, de la banane ou du manioc selon la saison. Mais c’était peine perdue car en général ils repartaient le ventre vide ! Piler le riz jusqu’à ce qu’il soit dépouillé de ces cornes, le vanner plusieurs fois et après le préparer prenait beaucoup trop de temps. Par contre, l’igname, la banane ou le manioc allaient plus vite mais c’était malheureusement en fonction de la saison !
Concernant l’eau, on faisait aussi des kilomètres après la classe pour chercher l’eau au marigot et aider nos parents qui passent toute la journée dans les champs. C’est le rôle des filles mais lorsque c’était les grandes vacances, tous les élèves passaient leurs temps aux champs pour aider leurs parents car c’est après une bonne récolte de riz ou de tubercules qu’ils pourront être scolarisés et acheter l’uniforme et le matériel scolaire. Mon village étant situé tout près de l’aéroport, il a bénéficié de l’aide de certains Européens qui venaient parfois s’y promener. Voyant l’état et les soucis vitaux du village, ils lui ont offert une pompe à eau qu’ils ont fait installer en plein milieu du village ! Ce fut, je me le rappelle encore, comme si les dieux étaient descendus du ciel, tellement ces villageois leur ont fait la fête pour les remercier. Je ne sais pas si la pompe existe toujours car cela fait près de 25 ans je n’y ai plus remis les pieds. Par contre, l’aéroport n’y existe plus, pour des raisons que j’ignore.
L’électricité n’a jamais pu être installée, on se servait donc des lampes à pétrole ou de la pleine lune !
Ce qui est étonnant dans tout cela, est que dans ces temps-là, malgré le confort moderne qu’on n’avait pas et toutes les péripéties que nous vivions, nous étions heureux car nous n’avions besoin de rien d’autant plus que la terre nous donnait le nécessaire pour vivre. En plus de cela, nous voyions presque chaque jour des avions et des touristes européens.
Je ne sais pas si vous le savez mais grâce à ces avions, nous obtenions par certains employés de l’aéroport de l’huile de moteur qu’on mettait sur nos cheveux pour les rendre plus souples! Le résultat était impressionnant et malgré mes années passées en Europe, je n’ai jamais pu retrouver une crème comparable ! Le seul souci avec cette crème est qu’elle sentait mauvais, mais on ne s’en souciait pas pour autant car elle nous permettait de faire de belles coiffures avec nos cheveux afro ! Les femmes me comprendront mieux car elles savent que pour être belle, il faut souffrir et cela commence déjà par le plus tendre âge !
Globalement, nous étions donc privilégiés par rapport à d’autres villages, comme Zouangouin et Zangouin qui n’avaient pas tout cela.
Depuis que j’ai quitté l’Afrique et malgré le temps passé ici, je n’oublie pas les villageois et en particulier les enfants restés là-bas. Je suis d’autant plus inquiète pour eux qu’il y a un phénomène que je n’arrive pas à comprendre : l’Afrique au fil du temps, au lieu de s’améliorer et de se développer, recule et se dégrade de plus en plus, surtout les villages et petites villes. Au jour d’aujourd’hui, ceux qui peuplent les villages sont les enfants et les vieillards car tous les jeunes désertent ces lieux pour les grandes villes où malheureusement ils n’y font rien et deviennent dans la plupart du temps ce qu’on voit tous les jours : la désolation, enfants de la rue et autres …
Je suppose que l’amour d’un parent africain pour son enfant est pareil à celui d’un parent européen, asiatique, ou américain. Dans mon cas, je vois le visage de mon fils sur chacun de ces enfants.
S’il vous plait, aidez-les comme vous pouvez car il n’y a pas qu’une seule facon d’être parents, laissez parler votre cœur !